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LAC RETBA

ou le Lac rose

🖊 par Juliette Diallo

La journée avait mal commencé pour Fatou, Mathylde et moi, une négociation ardue avec le taximan, qui, après 30 minutes de voiture, finit par se perdre. Ça faisait 10 ans qu’il n’était pas allé au Lac Rose et ne se souvenait plus trop de la route, nous disait-il. Nous nous arrêtons de l’autre côté de l’arrivée prévue. Une personne vient nous voir directement pour nous proposer un tour de barque. Énervées par le taximan qui nous demande de l’argent en plus, parce que le temps de parcours a été plus long que prévu, nous claquons la porte de la voiture et nous nous en allons. Afin d’éviter une autre arnaque, nous demandons combien de temps il faut pour rejoindre l’autre rive. La personne qui nous a vus venir insiste pour nous faire traverser en barque, moyennant finance. Il a l’air gentil, baisse son prix au vu de notre état quelque peu colérique et nous acceptons, mais nous restons sur nos gardes. Finalement Dadji -c’est son nom- a été super. Il nous a expliqué comment fonctionnait le Lac Rose, nous a fait traverser en barque en sillonnant à travers les forçats du sel, et nous a fait visiter l’autre rive, et passer voir les autruches, les chevaux. Ils nous a même indiqué un endroit pour aller manger, et de demander Maur une fois arrivées au village artisanal. Nous le quittons au bord de la route non sans l’avoir remercié, et après 1 minute de marche pour rejoindre le village, une voiture nous propose de nous emmener. Nous acceptons volontiers.

Arrivées au village artisanal, nous demandons Maur. Une personne sort la tête de sa boutique et nous accueille avec un large sourire. Nous lui précisons que c’est Dadji qui nous envoie, pour qu’il nous montre où aller manger. Mathylde se rend compte qu’elle a déjà été dans ce restaurant, il y a deux ans, et qu’elle n’est pas sa surprise lorsque les femmes assises sur la terrasse du resto la reconnaissent ! Pendant le repas, nous décidons de ce que nous allons faire de notre après-midi. Nous optons pour un « safari » afin de nous rendre sur la plage, située à 800 mètres. Nous avions repéré un truck jaune qui nous plaisait bien en arrivant au village. Nous retournons voir Maur qui nous fait visiter le village artisanal et lui demandons combien coûte le tour en camion habituellement et il nous accompagne finalement jusqu’au propriétaire du camion jaune, Ismaëla, pour négocier les prix avec lui. Après avoir négocié, nous partons à l’aventure avec le camion jaune. Ismaëla nous amène voir les dunes de sel avant de nous faire passer sur les dunes de sable, celles du Paris-Dakar. Ça secoue ! Petite pause, après un petit problème mécanique, en haut de la plus grande dune pour admirer le paysage, l’océan d’un côté, le lac rose de l’autre. Nous redescendons vers la plage et nous arrêtons pour profiter un peu de l’océan. Ismaëla devait, en principe, nous laisser là et repartir au village. Finalement il nous propose de nous attendre car il trouve que la plage n’est pas « safe ». Tandis qu’il discute avec Mathylde, Fatou et moi décidons de prendre un bain. Le courant est fort, mais la joie est présente. Nous restons sur la plage une quarantaine de minutes avant de repartir au village. Ismaela nous demande  de faire  un détour au camping Les Nomades  pour nous présenter son frère, Souleymane Sow. Un camping où on aurait aimé séjourner plusieurs jours ! Mais nous devons rentrer sur  Dakar.  Ismaëla  nous  informe  que  les  taxis  ne   sont   pas toujours présents au Lac Rose et que cela coûte cher de revenir sur Dakar. Il nous propose donc de nous ramener, moyennant finance, bien sûr. Nous hésitons au début. Il avait passé l’après-midi avec nous. Avec Djadji et lui nous avions passé une de nos plus belles journées au Sénégal, malgré la mauvaise expérience du matin. Nous acceptons finalement le deal. Une fois arrivées à Dakar, nous remercions vivement Ismaëla avant de le voir repartir à bord de sa Toyota (non il ne nous a pas ramené en camion jaune, dommage).

Le lac Retba, autrement appelé le Lac rose dû à son étonnante couleur rose, est un lac situé à 40 minutes au nord de Dakar et à 800 mètres de l’océan. Autrefois, le lac était à 400 mètres seulement de l’Atlantique ! Tous les jours la communauté du Lac rose, regroupant les hommes et femmes des cinq villages alentours travaillent afin de récolter le sel au fond du lac. Les hommes travaillent 7h par jour dans l’eau salée. Imbibés de beurre de karité, ils cassent la croûte de sel à l’aide d’un bâton de bois pour remplir leur tamis et le déposer dans leur barque. Certains portent des chapeaux, d’autres des lunettes de soleil ou encore des gants, certains sont vieux, d’autres plus jeunes. Une fois la barque remplie, ils reviennent au bord du lac. Ils peuvent faire jusqu’à 3 allers-retours dans la journée. C’est au bord du lac que le travail des femmes commence. Ce sont elles qui font le lien entre le lac et la terre ferme. Avec l’aide des hommes pour mettre les 25kg de sel dans leurs bassines, elles le répartissent sur différents tas, pour qu’ils soient traités par la suite. Il n’est pas tout de suite emmener dans des camions pour être distribué. Il y a 3 types de sel : le sel fin, pour la cuisine, le sel moyen, pour la cuisine et autre chose mais je ne m’en souviens plus, puis le gros sel, distribué dans tout le pays, les pays voisins et surtout en Europe pour le déneigement des routes. Le sel peut rester ainsi plusieurs jours autour du lac. Selon son temps de repos et son traitement, La couleur en est différente. Dadji, ça fait 30 ans qu’il y travaille. Et malgré la dureté des conditions de travail, il s’y plaît. Il nous montre une cabane qui représente le comité du Lac rose. S’il y a des infractions, des vols ou autres, c’est ici que ça se passe. Pas besoin d’appeler les gendarmes sauf en cas de force majeure. Il laisse d’ailleurs, juste avant de monter dans la barque et de nous emmener sur l’eau, une dizaine de peintures de sable, posé comme ça, sur la dune de sel. Un beau geste de confiance, qui renforce ma pensée sur la bienveillance de ces personnes. 

©2024 by JulietteDiallo

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